Jour 68 à 71 - Yorktown, Virginie (Arrivée) - [4'441km]

Ça y'est !! C'est fait !!

Après 71 jours d'aventures, dont 47 jours passés sur ma selle à pédaler, me voilà enfin arrivé à YorkTown !!!

J'ai quitté mes compagnons de voyage il y a 4 jours, car j'avais une date fixe d'arrivée à Yorktown que je devais respecter et qui m'obligeai à faire 150km/jours de moyenne. Eux n'avaient pas de pression particulière au niveau du jour d'arrivée et n'avaient donc naturellement pas envie de suivre ce rythme. Ce que je comprends complètement.

La séparation n'a pas été facile, même si nous n'avons été ensemble que durant 27 jours, ce qui parait peu dit comme ça, nous nous sommes énormément rapprochés et le fait d'avoir partagé une expérience aussi intense nous a soudé au point que j'ai l'impression de les connaître depuis des années. Ça va me faire bizarre de ne plus les voir tous les matins et soirs, de ne plus décider avec eux la destination du soir et de ne plus parler de "uphill" et "downhill" avec eux.

Lorsque je leur dis au revoir et que je les quitte, je sens pour la première fois que mon aventure touche à sa fin. Jusque là je ne m'en rendais pas vraiment compte, mais me retrouver seul et a environ 600km de l'arrivée, rend tout cela palpable. Je me rends même compte que je ne vais surement plus tellement apprécier ces 3 prochains jours en solo, ma tête est déjà à YorkTown et à la suite. Ce qui rend ces kilomètres pleins de tristesse et de nostalgie.

Heureusement, assez rapidement je croise deux mecs qui venaient de commencer leurs périples, mais dans l'autre sens. Je parle avec eux, échange sur mon expérience et mon aventure, leur donne le maximum de conseils et astuce. Ça me fait du bien. La symbolique du moment est forte. Comme si je passais le flambeau. C'est vraiment la fin pour moi, mais je l'envisage tout d'un coup d'un meilleur oeil que les 2 dernières heures. Je sens que cette expérience m'a fait gagner en expérience et je sens qu'elle sera utile pour ma vie future. Ce qui est amusant pour moi également c'est que je me suis vu dans ces deux mecs qui commençaient à peine et qui n'avaient encore rien vu. C'était moi il y à a peine 71 jours, j'ai le sentiment que c'était il y a une éternité.

Plus tard un homme dans une station essence finit de me remonter le moral, nous échangeons sur plein de choses et il tient à me payer ma nourriture. Je repars, avec l'envie de bouffer le maximum de kilomètre aujourd'hui. Ce soir-là je puise donc dans mes réserves pour arriver jusqu'à Daleville. J'ai pris beaucoup de retard avec tous ces moments émotion et je me retrouve à pédaler pour la première fois de nuit sur la route. J'ai un peu peur, car aucune de mes lumières ne marche. Je porte uniquement mon gilet de sécurité, mais à chaque voiture qui passe je me serre sur la droite et prie pour qu'elle me voie. Les derniers kilomètres sont donc très durs, je bats mon record de kilomètres en une journée (156km) et ce soir je décide de m'offrir une nuit dans un hostel pas cher, histoire de gagner du temps et de m'offrir un petit plaisir bien mérité après une journée pareille.

Ensuite, les 3 jours qui ont suivi m'ont paru comme une seule longue journée. J'ai pédalé comme une machine durant ces trois derniers jours, avec une envie folle d'arriver. Étonnamment, c'est la première fois que je me rendais compte de l'amélioration de mon physique. Le fait d'être seul me faisait me concentrer sur moi-même et je me suis rendu compte que j'étais capable de faire des journées de 150km avec des petits cols sans pratiquement le moindre effort physique intense, ma seule fatigue était mentale. Quand je repense à mes premiers jours de coup de pédale il y a 70 jours, ou pour faire 60km je devais transpirer et supporter des courbatures le lendemain, je me rends compte à quel point j'ai passé un cap. 150km dans ma zone de confort ne me demande aucun dépassement de moi physiquement parlant. C'est vraiment dingue pour moi. Ces trois jours je les passe à pédaler, méditer sur mon expérience, manger et dormir. Rien de passionnant à raconter. Je me suis payé deux autres hostel pour les 2 dernières nuits, j'avais tellement économisé ces dernières semaines et je n'avais plus la tête à demander l'hospitalité ni à perdre du temps à packter mes affaires. Je voulais seulement arriver à destination.

Pourtant, l'arrivée à Yorktown ne produit pas l'effet escompter. À quelques minutes/heures de l'arrivée, j'étais totalement euphorique, je chantais à tue-tête sur mon vélo (les automobilistes devaient me prendre pour un fou), je criai, j'étais vraiment super heureux ! Mais une fois arrivé là-bas, au point de rendez-vous convenus avec mon pote qui devait venir me chercher, j'ai ressenti une nostalgie extrême. Je regrettais déjà la fin de cette aventure. Même si je rêvais d'un bon lit et de me reposer durant ces prochains jours sans avoir à enfourcher mon vélo à nouveau, j'était nostalgique et je sentais que ce sentiment allait perdurer.

Mon ami est arrivé quelques heures plus tard, les retrouvailles étaient géniales et je lui ai demandé de pouvoir conduire au retour jusqu'à New York. Comme si après avoir vu toutes ces voitures me dépasser dans ces moments de galères me donnaient envie de prendre ma revanche et de moi même rouler à 120km/h ! Merci le pétrole.

Voilà, j'ai à peu près tout dit, je pense que je vais prendre le temps de me (re)poser avant de vous faire un retour d'expérience digne de ce nom. Alors je vous dis à tout bientôt !

Les infos de ces 4 derniers jours :

Jour 68, 26/08/13, Max Meadows-Daleville, 156km

Jour 69, 27/08/13, Daleville-Waynesboro, 160km

Jour 70, 28/08/13, Wynesboro-Richmond, 148km

Jour 71, 29/08/13, Richmond-Yorktown, 118km